jeudi 17 juin 2010

Une semaine en pente douce

Ca a commencé par un week-end ou je sentais la forme revenir. Plus d'énergie, de sérénité, de patience avec les enfants.
Ca a commencé par un lundi où au bureau, j'ai fourni un travail qui a été salué.
Ca a commencé par un lundi soir où j'ai senti l'envie monté, mais déterminé, je me disais que je n'allait pas craquer.
Ca c'est fini par un mardi, où ayant terminé ce que j'avais à faire, je me suis senti hypnotisé une demi heure, la demi-heure qui suffit à me conduire jusqu'à un bar.
Dix minutes d'héstation, de lutte. Pas de téléphone pour appeler qui que ce soit.
Puis, la première bière, 50cl, la seconde, 50cl. La troisième, 50cl.
Puis, deux-tiers d'une bouteille de whysky.
Au petit matin, mes yeux se ferment enfin.


J'étais presque à deux semaines d'abstinence.
Mon alcoologue m'avait proposé un médicament afin de supprimer les cravings : l'Aotal. J'avais refusé d'en prendre, je pensais pouvoir m'en passer. Mais il faudra bien que j'en prenne J'ai commencé aujourd'hui.
On verra bien.

vendredi 11 juin 2010


Et en principe, pas de danger avant lundi

jeudi 10 juin 2010

100.000.000 de fois tu remettras ton je ne sais plus quoi sur l'ouvrage (ou quelque chose comme ça)

Dans la vie, voyez vous ma bonne dame, il faut bien travailler.
Depuis quelque temps, j'avais un peu oublié. J'ai de la chance, je maîtrise mon emploi du temps. En principe, ni je n'abuse, mais surtout, mon travail est apprécié.
A l'exception du dernier mois ou je n'ai strictement rien fait, sauf consommer alcools divers et variés.
Du coup, l'addition se paie et il fallait bien que je retournâsse me sacrifier au féroce dieu Travail.

J'ai bien cherché toutes les excuses pour ne revenir que seulement lundi. Mais je me suis dit : "ne pas reculer, jeudi sinon rien."
La stratégie étant de recommencer avec seulement deux jours d'affilés pour reprendre plus tranquilement.

Evidemment, j'ai donc hérité d'un dossier dont personne ne voulait et qui bizarement, m'attendait depuis que j'étais parti. C'est de bonne guerre, mais par fierté, je vais tenter d'en faire quelque chose de bien.

J'ai donc lutté contre le someil une partie de la journée, contre l'absence de concentration l'autre partie de la journée. Mais en fin de compte, j'ignore comment, j'ai plutôt bien avancé.
Les choses se sont remises en place rapidement. Demain, je suis 100% opérationnel.

Concernant mes envies de boires. C'est bien simple : pas une. Du moins, pas une qui puisse me mettre en danger. Je suis déterminé, donc je les balaie vite. Pour l'instant, ça va de ce côté là.

Je sais toutefois que le plus dur sont les trois semaines qui viennent. Tant qu'à faire, autant me noyer dans le travail, c'est avec la détermination, un puissant moyen de ne pas être tenté. Se couvrir d'obligations oblige à la responsabilité du lendemain. Du coup, il devient plus facile, malgré une grosse envie voire un craving, de se dire : je me suis engagé vis-à-vis d'un tel. Je ne suis donc pas seul sur le coup, c'est professionnel, pas moyen de reculer. Donc, abstinence. Et comme ça de jour en jour jusqu'à ce que ça devienne plus facile.
Je sais que j'ai un bon mois ou deux difficiles en terme d'envie. Ensuite apparement, ça se calme, et là, ça devient dangereux aussi mais autrement : on se sent mieux dans son corps, en super forme et donc... pourquoi ne pas recommencer ! J'ai fait ma diette nécessaire, je suis comme neuf...

Mais ça, je suppose que nous en reparlerons le temps voulu.

Bonne journée à tous et à demain, si vous le voulez bien.

mercredi 9 juin 2010

Première consultation : du compliqué au simple, du simple à l'essentiel

Les choses sont parfois plus simples qu'il n'y parrait.
Aujourd'hui, j'avais mon premier rendez-vous avec un alcoologue.
Milieu hospitalier, j'admets : un peu impressionant.

La première fois que j'avais vu un alcoologue (ça s'était fort mal passé), je m'étais retrouvé dans la salle d'attente avec des alcooliques tel qu'on les conçoit en terme d'image d'Epinal. Impressionant, même si je connais l'ambiance de n'importe quel vieux rade en France et en Navarre.

Je m'attendais donc à la même chose en milieu hospitalier... Pas du tout ! Je me suis retrouvé seul à attendre, dans une ambiance humaine, accueilli par une infirmière spécialisée qui a pris le temps de m'expliquer la procédure et l'esprit de la chose. Par ailleurs, elle était charmante, ce qui ne gâchait rien.

Me voilà donc devant le médecin alcoologue. Cette fois, la consultation se passe bien.
Je m'attendais à ce qu'elle me propose une cure ambulatoire, au minimum. Que néni.
Elle m'a senti franchement déterminée. M'a simplement proposé l'aide d'un psy pour le premier mois, et un médicament (je parlerai de ce médicament dans un post ultérieur, une fois que je l'aurai testé), qui sera sensé m'aider pour ce premier mois fatidique.

Une consultation sans anicroches, donc.

J'en suis toutefois ressorti avec la conclusion suivante : dans la mesure où je n'ai pas de dépendance physique (je rappel que la dépendance physique à l'alcool est comparable à la dépendance physique provoquée par certaines drogues dures, avec des effets de sevrages parfois aussi spectaculaires). Dans la mesure, donc, où je n'ai pas de dépendance physique, tout est une question de volonté. Tout simplement.

Toutefois... la volonté ne suffit pas. Elle suffit à ne pas prendre ce fatidique "premier verre", certes. Mais la volonté sereine et sans ambigüité de vouloir arrêter l'alcool doit s'accompagner aussi d'une introspection et de mesures de changements de certains aspects de ma vie. Puisque après tout, il va bien falloir combler toute la place que l'alcool prenait avant. Certes, la vie va s'en charger... et mes obligations professionnelles de ces prochains mois sont là pour me le rappeler. Mais toutefois... alors même que l'alcool était mon plaisir, ma liberté et souvent mon moment à moi, il va bien falloir combler tout ça, et combler tout ça intelligement. Seule une introspection cohérente, franche et courageuse va me permettre de réapprendre à vivre sans alcool.

Ca peut paraitre exagéré ? Il est difficile d'imaginer à quel point, le fait de vivre sans alcool, c'est redécouvrir la vie tout simplement, mais aussi réaprendre à vivre, dans une certaine mesure.

Alors, comme j'ai toujours eu de bons anges gardiens, une bonne étoile, ou de la chance ; au choix... La Providence a amenée sur mon chemin de quoi combler ce vide, contre toute attente et de le combler plus que de raison. Je m'apperçois qu'après dix ans de matérialisme et d'intellectualisme forcené de ma part, je suis finalement un "handicapé" spirituel. Non... je ne vous annonce pas que je verse dans le spirituel à outrance ou quelque idée de ce genre... Mais pour dire les choses avec pudeur, et quelques un de mes amis ici, dont R... en particulier comprendront, il est temps désormais de voir un peu plus loin que le boût de mes Weston, et d'ouvrir mon coeur aux choses qui nous dépasse.

La vie, c'est souvent une question de timing... c'est encore cette fois le cas pour moi, et merci à ceux qui se reconnaitront.

Bonne soirée à tous, merci à tous les lectrices et lecteurs.
Demain, la suite de mes aventures.

mardi 8 juin 2010

Paris dernière ?

Aujourd'hui, sans le vouloir, j'ai eu l'occasion de tester ma résolution pour être abstinent d'alcool.

J'avais rendez-vous avec une amie. Par le passé, j'ai eu l'occasion de boire avec cette amie. Nous buvions abondamment, sans complexes. Longtemps, le plus souvent. Entre le financier et la prof de fac, nous avions souvent besoin de lâcher la pression. Loin des époux et épouses. Et ce qui est certain, c’est que systématiquement, nous étions bourrés à la fin de chaque soirée.

Cette amie est au courant de ma volonté d’arrêter. Elle écoute, respecte, elle est là simplement, et c’est tout ce que je lui demande.

On se parle souvent de bêtises : la mode, les ragots à Paris. Parfois, dans la conversation, il y a quelques gravités qui interviennent, pas plus, nous savons parler des choses sérieuses avec légèreté et des choses légères avec le plus grand des sérieux.

Nous nous donnions rendez-vous dans un lieu dans lequel j’avais l’habitude de boire, dans une zone de Paris dans laquelle j’avais l’habitude de festoyer encore et toujours.

Elle était 10 minutes en retard. Je me suis assis en attendant. J’ai commandé un café allongé. J’aime le café allongé parce que fumeur, je le savoure en deux cigarettes. Nous avons parlé longtemps, bavardé comme si de rien était.

Elle a stoppé la conversation, délicatement, m’a demandé : « ça va ? » Ce fut le seul moment dans lequel nous avons évoqué mon combat. Puis nous avons repris. Nous avons marché, marché longtemps, nous sommes assis de nouveau.

Pour la première fois depuis trop longtemps, je me suis déplacé à jeun dans cette zone de Paris. Je voyais souvent des bières qui défilaient à la terrasse des cafés. Trois fois. Trois fois, je m’en souvient quelques heures après encore, j’ai senti l’envie monter, me disant : une bière, puis deux, puis dix, puis vingt, puis trois heures du matin, puis la fête, puis la grande folie habituelle.

Mais je me suis dit : « c’est possible, mais si tu fais ça, demain, tu te retrouve au même point. Tu n’auras pas avancé d’un pouce. Tout ça tu connais, tu te prive de connaitre tout le reste, sans alcool » Et finalement, à la place, j’ai montré à mon amie des coins de Paris qu’elle ne connaissait pas et que j’aimais. Nous avons parlé littérature et de notre éternel projet littéraire en commun, qu’à chaque fois l’alcool nous fait remettre au lendemain. Pour l’anecdote, nous avons même un peu avancé sur le projet.

Mais la chose fondamentale n’est pas là. Je suis rentré chez moi à jeun. Lors de cette longue promenade, j’ai pu répondre à tous les appels de ma femme, afin, enfin de pouvoir la rassurer et non de lui parler saoul en lui mentant - de manière éhontée et non crédible - à chaque fois que je lui disais que j’allais revenir dans l’heure. J’ai passé un bon moment avec mon amie, je suis rentré chez moi, tout va bien...

... et je suis là pour vous écrire.


lundi 7 juin 2010

Et... retour aux AA

Aujourd'hui, retour à mes premières amours en matière de tentative de guérison : les AA (alcooliques anonymes).
L'an dernier, à la même époque, il avait fallu m'y trainer. Je pensais y voir une réunion grotesque, plein de cas sociaux ou de névrosés qui se lamentent.
J'était sortit de la réunion, bouleversé, profondément chaviré.
Tien ?! Des gens comme moi ! Ils n'ont même pas l'air d'ivrognes, ont de l'humour, partagent leur récits avec sincérité, avec simplicité, avec finesse souvent, avec sagesse pour certains.
Tien ?! Des alcooliques abstinents depuis plus de quinze ans ! Mais alors ça existe ! Donc, ça peut m'arriver aussi !

J'avais, dés lors, suivit quelques réunions, sans toutefois réellement m'engager dans le programme. Mais à cette époque, j'ignore ce fut par manque de volonté, de maturité sur le sujet. J'avais de toutes les manières, replongé de plus belle.
Du coup, je m'étais méfié, et je m'étais dit qu'il vallait mieux s'éloigner des réunions si celles-ci me faisaient boire encore plus après coup.

Mais le temps, mes lectures et mes erreurs ont fait leur oeuvre...
Un an après, j'y suis revenu plus serein, plus décidé aussi. Et surtout plus humble face à mon problème d'alcool. A savoir, j'ai depuis peu, franchi la première étape : j'ai reconnu ne plus maîtriser ma consommation d'alcool et du coup, selon les termes AA, "que j'avais perdu le contrôle de ma vie".
Donc, plus humble, mieux à l'écoute, car peut être plus l'expérience de l'échec désormais. Et la certitude maintenant que le combat serait rude.
Je suis sorti de la réunion, ni spécialement bouleversé, ni spécialement tendu. Ce qui est la preuve pour moi que j'abborde les choses de manière plus réaliste et que je ne suis plus l'homme d'un instant, d'une émotion, vis-à-vis de ma volonté de m'en sortir.

Je suis abstinent d'alcool depuis jeudi dernier. Je n'ai pas encore eu d'envie fortes. Mais pour l'instant c'est plutôt simple, je suis entouré. Lundi prochain, de nouveau seul, ça va se gâter. Mais heureusement, je vois l'alcoologue mercredi. Nous discuterons notamment de l'opportunité d'une cure ambulatoire. Au minimum en tous les cas, d'un suivit trés serré.
Par ailleur... et selon le conseil de nombreux amis des AA, ne pas hésiter à user et abuser de tous les groupes de parôles, réunions AA notamment, en début d'abstinence.

dimanche 6 juin 2010

L'homme qui court - Conte, ou ce que vous voulez, à l'usage de ceux qui courent

« Je suis l’homme qui court, aujourd’hui j’ai 18 ans.

Maintenant c’est décidé je courts, pour que dés 30 ans, je sois super riche et vraiment aimé.

Alors fini copains copines, l’amour de maman, la sagesse de papa, maintenant, je courts, c’est décidé.

Je suis l’homme qui court, aujourd’hui j’ai 20 ans. J’ai travaillé comme un fou, de ma province je vais pouvoir m’échapper. Je suis l’homme qui court, après tous les concours.

Ca prend forme, j’ai quelques diplômes et déjà ma première société. Pfffiou, il fait soif, attends, je vais un peu m’arrêter.

Quelques gouttes font du bien quand on ne fait que courir, et puis ça rend la vie plus belle, un peu du soir au matin.

Je cours toujours, et je sais mieux courir. Maintenant ce que je sais faire aussi, c’est dépasser les autres, une petite tape au passage, un petit croche pied. Je suis l’homme qui court et je fais ça très bien.

C’est étonnant tout ça, à part une où deux personnes, je ne vois que du dégât. Des amours gâchés et des gens trahis pullulent autour de moi. Encore une goutte et encore une autre, ne pas s’arrêter longtemps, après tout, je suis l’homme qui court.

Alors voilà maintenant, mes parents s’y mettent, « non mais regarde toi, à part te faire du mal, nous ne sommes pas vraiment fier de toi »

Je pensais qu’il fallait courir ?! Après tout les résultats : ce qu’on est se compte, s’évalue et s’envie, même en termes de dégât. Non, encore quelques gouttes, ils n’ont vraiment rien compris.

A force de nectar, parfois je trébuche. Alors encore plus brutal, je continue de courir, mais comme trébucher ça fait mal, je m’en remet au nectar.

Ça y est, je sens que ça ne peut plus vraiment s’arrêter.

Alors, je m’arrête deux minutes :

  • « dis moi, mon Dieu, je suis un pêcheur, mais pas un mauvais chrétien. Pour l’instant tu m’as laissé faire, tu m’as donné la santé ?! Alors laisse moi courir encore, et promis j’arrêterai »
  • « Tu peux toujours courir, mais regarde autour de toi, ce ne sont plus que ruines et un jour, tu le payeras. Tu as cru t’en sortir seul, à faire tout ce mal aux gens, et t’assommer un peu, pour oublier tout ça ? Aujourd’hui tu viens, me dire encore un instant ? »
  • « oui, encore un instant, de toute cette vie là qu’il me semble aimer tant ».
  • « Alors vois-tu petit, comment marchent les choses : tu continue, plus rien ici bas. Et crois moi, c’est au purgatoire que pendant longtemps, tu devras régler tous tes problèmes, tous tes manques d’amour et réparer le mal que tu as fait. Ou sinon, voici encore une chance, tu peux le faire maintenant, mais désormais et à jamais, plus une goutte de nectar, afin de rester là, d’aimer encore un peu, une nouvelle chance ici bas ».

Maintenant, je suis l’homme qui court, ou qui marche pressé, mais qui fait le chemin inverse, qui reprend toute sa vie, afin de réparer peu à peu. Le mal que j’ai pu faire, le mal que je me suis fait.



Car sans nectar c’est bien

Faut-il encore qu’il y ait un sens

Sans nectar pourquoi pas,

mais pas de manière aride

comme une simple abstinence.

Tant il est vrai hier comme aujourd’hui :

« qu’un alcoolo qui se soigne, mais qui pour sa vie est sans programme, ne devient qu’une crécelle à simplement rabâcher qu’il ne boit plus. Dans l’abstinence comme ailleurs, si pas d’amour et aucun sens, autant continuer et abréger la souffrance. Or de toute les manières, les manques d’amour se paient, ici bas comme ailleurs, alors ici bas tant qu’à faire.

Courir oui… Mais pas pour rien. Plus n’importe comment. Sans nectar, avec vous. Dans l’amour, plus comme un fou ».