dimanche 6 juin 2010

L'homme qui court - Conte, ou ce que vous voulez, à l'usage de ceux qui courent

« Je suis l’homme qui court, aujourd’hui j’ai 18 ans.

Maintenant c’est décidé je courts, pour que dés 30 ans, je sois super riche et vraiment aimé.

Alors fini copains copines, l’amour de maman, la sagesse de papa, maintenant, je courts, c’est décidé.

Je suis l’homme qui court, aujourd’hui j’ai 20 ans. J’ai travaillé comme un fou, de ma province je vais pouvoir m’échapper. Je suis l’homme qui court, après tous les concours.

Ca prend forme, j’ai quelques diplômes et déjà ma première société. Pfffiou, il fait soif, attends, je vais un peu m’arrêter.

Quelques gouttes font du bien quand on ne fait que courir, et puis ça rend la vie plus belle, un peu du soir au matin.

Je cours toujours, et je sais mieux courir. Maintenant ce que je sais faire aussi, c’est dépasser les autres, une petite tape au passage, un petit croche pied. Je suis l’homme qui court et je fais ça très bien.

C’est étonnant tout ça, à part une où deux personnes, je ne vois que du dégât. Des amours gâchés et des gens trahis pullulent autour de moi. Encore une goutte et encore une autre, ne pas s’arrêter longtemps, après tout, je suis l’homme qui court.

Alors voilà maintenant, mes parents s’y mettent, « non mais regarde toi, à part te faire du mal, nous ne sommes pas vraiment fier de toi »

Je pensais qu’il fallait courir ?! Après tout les résultats : ce qu’on est se compte, s’évalue et s’envie, même en termes de dégât. Non, encore quelques gouttes, ils n’ont vraiment rien compris.

A force de nectar, parfois je trébuche. Alors encore plus brutal, je continue de courir, mais comme trébucher ça fait mal, je m’en remet au nectar.

Ça y est, je sens que ça ne peut plus vraiment s’arrêter.

Alors, je m’arrête deux minutes :

  • « dis moi, mon Dieu, je suis un pêcheur, mais pas un mauvais chrétien. Pour l’instant tu m’as laissé faire, tu m’as donné la santé ?! Alors laisse moi courir encore, et promis j’arrêterai »
  • « Tu peux toujours courir, mais regarde autour de toi, ce ne sont plus que ruines et un jour, tu le payeras. Tu as cru t’en sortir seul, à faire tout ce mal aux gens, et t’assommer un peu, pour oublier tout ça ? Aujourd’hui tu viens, me dire encore un instant ? »
  • « oui, encore un instant, de toute cette vie là qu’il me semble aimer tant ».
  • « Alors vois-tu petit, comment marchent les choses : tu continue, plus rien ici bas. Et crois moi, c’est au purgatoire que pendant longtemps, tu devras régler tous tes problèmes, tous tes manques d’amour et réparer le mal que tu as fait. Ou sinon, voici encore une chance, tu peux le faire maintenant, mais désormais et à jamais, plus une goutte de nectar, afin de rester là, d’aimer encore un peu, une nouvelle chance ici bas ».

Maintenant, je suis l’homme qui court, ou qui marche pressé, mais qui fait le chemin inverse, qui reprend toute sa vie, afin de réparer peu à peu. Le mal que j’ai pu faire, le mal que je me suis fait.



Car sans nectar c’est bien

Faut-il encore qu’il y ait un sens

Sans nectar pourquoi pas,

mais pas de manière aride

comme une simple abstinence.

Tant il est vrai hier comme aujourd’hui :

« qu’un alcoolo qui se soigne, mais qui pour sa vie est sans programme, ne devient qu’une crécelle à simplement rabâcher qu’il ne boit plus. Dans l’abstinence comme ailleurs, si pas d’amour et aucun sens, autant continuer et abréger la souffrance. Or de toute les manières, les manques d’amour se paient, ici bas comme ailleurs, alors ici bas tant qu’à faire.

Courir oui… Mais pas pour rien. Plus n’importe comment. Sans nectar, avec vous. Dans l’amour, plus comme un fou ».


1 commentaire:

  1. Avant de reprendre la course en sens inverse, il est bon de se poser et de souffler un peu, pour reprendre des forces et ne pas se fatiguer trop vite, et surtout pour ne pas se précipiter dans le choix de son nouveau chemin...les croisements sont nombreux, les virages dangereux aussi, un voyage se prépare si on veut arriver a bon port.

    Encore une fois: "qui veut voyager loin ménage sa monture"...

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